“Ce n’est pas une manufacture, c’est une usine de montres”, dit avec gourmandise François Thiébaud, CEO de Tissot. Une “usine” destinée à fournir en flux tendu des marchés mondiaux qui avalent 7 à 8 Tissot par minute. Soit 460 montres Tissot vendues chaque heure, 11’000 montres chaque jour (24h/24h et 365 jours/365)! Sachant que le prix moyen d’une Tissot tourne autour des 450.- CHF, on vous laisse à vos calculettes! (NDLR Chiffres officieux, le Swatch Group n’ayant pas pour habitude de révéler ses quantités ni ses chiffres d’affaires par marque). Pour se rendre compte physiquement de cette puissance de feu, rien de plus convaincant que de visiter le centre de logistique situé au coeur des bâtiments du Locle. On y découvre une chaîne de stockage et d’expédition entièrement automatisée, desservie par des robots filant à toute allure (4m/sec.) entre des rangées d’étagères hautes d’une quinzaine de mètres et où reposent dans des bacs 5 à 6 millions de montres et de composants.
C’est un balai incessant de bacs qui cheminent ensuite sur des rails kilométriques, passant par tous les postes d’étiquetage et de contrôle avant de finir emballés dans des cartons prêts à l’expédition. On se penche sur ces cartons de toutes dimensions pour y découvrir les destinations les plus étonnantes, preuve de l’ubiquité de la marque distribuée dans 160 pays. Ici un colis pour Alma Aty, là pour Pristina, là un énorme carton pour Moscou, un plus modeste pour Chisinau...
D’autres que François Thiébaud rouleraient des mécaniques et occuperaient tout l’espace médiatique à disposition. Mais ce n’est pas dans la nature de cet homme affable, cordial et amical, qui appelle de leur prénom tous les employés rencontrés dans les immenses couloirs de “l’usine” de la marque qui fête cette année ses 160 ans d’existence. “Je ne suis qu’un passeur de témoin”, dit-il, “je poursuis l’aventure de Tissot, qui est plus grande que la mienne.”
Un multi-spécialiste
“Comprendre ce qu’est Tissot est à la fois facile et difficile”, nous explique-t-il dans son vaste bureau qui domine le Locle, les montagnes enneigées tout autour. “Tissot est un multi-spécialiste qui offre toute une gamme de produits”normaux“et de produits plus spécifiques qui démontrent un savoir-faire unique, innovant, comme la technologie tactile de la T-Touch. Mais le point commun de toutes ces catégories est d’offrir une horlogerie crédible, de très bonne qualité, à un prix juste, loyal, réel et transparent. Jamais nous n’avons cherché à faire plus économique encore en diminuant la qualité, bien au contraire. C’est aussi une question d’éthique envers le client final et de respect de l’image de l’horlogerie suisse. L’attachement d’un client à sa montre n’est pas une question de prix. C’est toujours un objet intime, témoin de dates importantes, qui habille- mais ne maîtrise pas - le temps compté des mortels que nous sommes.”
“Ceci dit”, poursuit-il, “Tissot est, et reste, extrêmement compétitif et nous devons donc strictement contenir les coûts à tous les étages. Nos volumes nous y aident: nous sommes sans doute le premier partenaire d’ETA, des aiguilles Universo ou encore du spécialiste du verre saphir Comadur dont toutes nos montres sont équipées. Ainsi, l’assemblage de nos montres se fait dans le Jura et au Tessin, où les salaires conventionnels sont moins élevés qu’à Neuchâtel ou à Genève. Puis tout parvient ici, pour y être traité, méticuleusement contrôlé et expédié. La notion de qualité est vraiment centrale car je crois que le SAV est une priorité absolue, en termes de marketing. La confiance du client est un élément primordial et il ne doit pas y avoir la moindre rupture de cette confiance. Si jamais elle survient, il faut faire le maximum pour la retrouver voire en profiter pour approfondir cette confiance.”
Enormes marges de progression
Si la progression de Tissot est continue et à deux chiffres depuis l’arrivée de François Thiébaud aux commandes en 1996 (à l’exception de l’année “noire” 2009, qui avait vu une progression à un chiffre), comment ce dernier voit-il l’avenir de la marque?
“L’avenir de Tissot passe par celui de l’horlogerie suisse dans son ensemble,” explique-t-il. “En quantité, l’horlogerie suisse ne représente environ que 3% des montres produites dans le monde mais bien au-delà des 50% en termes de valeur. Avec l’augmentation du niveau de vie des pays émergents, le potentiel de croissance est énorme et la Suisse pourrait rapidement parvenir à 10% en termes de quantité, donc passer des 30 milliards actuels à l’exportation à 100 milliards! Mais pour qu’une telle progression s’opère, il faut poursuivre notre effort d’industrialisation massive, car il faut qu’il y ait de l’entrée de gamme, pas seulement des”grands crus classés“, qui heureusement existent mais ne font pas pour autant l’ordinaire de tous les jours. Et c’est en misant sur le savoir-faire helvétique en la matière, sur la façon dont l’horlogerie suisse est non seulement fabriquée mais aussi communiquée, que nous y parviendrons. Dans ce cadre, je me bats comme d’autres pour un Swiss Made renforcé, à 60% de la valeur.”
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150 nouvelles références à Baselworld
A Baselworld 2013, Tissot se présente avec 150 nouvelles références. Parmi ces nouveautés, notons l’arrivée d’un nouveau mouvement automatique, le Powermatic 80. Basé sur l’ETA 2824, il a été considérablement optimisé pour parvenir à une réserve de marche très importante de 80 heures (contre 36 heures pour un 2824). Cette performance (voulue, pour la petite histoire, par François Thiébaud qui ne supportait plus de voir sa montre automatique s’arrêter après avoir été rangée dans un tiroir le temps d’un week-end) a été atteinte en développant un nouveau barillet à ressort, en supprimant la raquetterie traditionnelle (et en la remplaçant par un système innovant qui reste encore confidentiel) et en créant un balancier sans vis de réglage qui oscille à 3Hz (en lieu et place des 4Hz traditionnels). Ce Powermatic 80, dont il existe une version chronomètre certifiée COSC, vient équiper pour sa première sortie la nouvelle T-Luxury, d’allure très classique, qui sera vendue au prix ultra concurrentiel de 800.- CHF, 850.- CHF dans la version COSC sur cuir, et 1050.- CHF dans la version bracelet acier. Imbattable, semble-t-il.
A terme, ce mouvement équipera toutes les montres automatiques de Tissot.
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Autre nouveauté importante, la T-Race Touch, dédiée aux sports motorisés dont Tissot est un fervent supporter, notamment en étant le chronométreur et partenaire officiel de MotoGP. Avec ses 11 fonctions tactiles, dont le chronométrage, mesure du temps partiel, 99 lap-time enregistrables, alarmes, boussole, etc..., elle est conçue comme un véritable “coach sportif” et se vend à 500.- CHF.
Autre modèle phare en cette année anniversaire, la Tissot Heritage Navigator. Reprise d’un modèle créé en 1953, à l’occasion du centenaire de la marque, équipée d’un mouvement automatique chronomètre certifié COSC, elle est dotée de 24 fuseaux horaires instantanément lisibles en lisant l’heure indiquée par la minuterie 24h idiquée sur le cadran, le “Home Time” étant indiqué par les 12 heures inscrites sur la lunette.
Mais ce ne sont là que quelques unes des nouveautés de la marque aux mille références.
Source: Europa Star Première Vol. 15, No. 2