Arrivé chez Corum en 2005, en tant que Vice président des opérations, Antonio Calce en est devenu le CEO en 2007, puis, à la mort de Séverin Wunderman en 2008, en devient également actionnaire minoritaire, aux côtés de la Fondation Séverin Wunderman.
Dès son arrivée, Antonio Calce s’est attelé à redonner sa pleine cohérence à une marque qui, certes, avait été remise sous les feux des projecteurs (notamment avec le phénomène Bubble) mais qui avait perdu peu à peu sa lisibilité voire sa cohérence, non seulement du point de vue de ses produits, mais aussi de sa distribution. Aujourd’hui, Antonio Calce, qui n’a pas ménagé ses efforts, estime être parvenu à redonner crédibilité, légitimité et durabilité à la marque créée par René Baanwart. Cette reconquête est passée par une stricte rationalisation de l’offre – qui parvient aujourd’hui à pleine maturité -, une refondation de la distribution et par l’acquisition de la pleine maîtrise des processus de création. Ainsi, aujourd’hui, l’ensemble de la chaîne, depuis le dessin original du designer jusqu’à l’industrialisation de la fabrication, est maîtrisé à l’interne. Design, modélisation, construction, R&D mouvements et boîtes, méthodes, nomenclatures, posages, industrialisation de l’assemblage, contrôle, assemblage des mouvements manufacture (essentiellement toute la collection Bridges)... tout, à l’exception des “copeaux” (soit la fabrication des composants) se fait sous les toits de la manufacture de La Chaux-de-Fonds.
Deux piliers
Antonio Calce, ingénieur de formation, aime les schémas clairs et bien définis. Cette propension à l’ordonnancement rigoureux (tempérée par sa fibre esthétique latine), il l’a appliquée à l’offre produits de Corum qui a retrouvé ainsi grande clarté. Deux piliers se partagent l’essentiel: d’un côté la ligne Corum Bridges, de l’autre la ligne Admiral’s Cup.
A l’intérieur de ces deux lignes, une offre complète est proposée. L’Admiral’s Cup se divise ainsi en deux branches: une branche d’expression classique, la Legend 42 mm, et une branche “sport extrême”, composée “d’instruments” dotés de véritables fonctions professionnelles, (régate, chrono, etc...) et dont le tout nouvel exemple est l’AC1 de 45 mm, nouveau chronographe à embrayage vertical, plus fin que ses prédécesseurs (mouvement Dubois-Dépraz), plus racé encore et dont le superbe et complexe boîtier n’est plus, pour la première fois, dodécagonal.
- TI-BRIDGE AUTOMATIC DUAL WINDER de Corum
Côté Bridges, on retrouve pour cette montre emblématique et unique à Corum une semblable distinction entre la famille classique des Golden Bridge, se déclinant en tourbillon mini rotor, mécanique à remontage manuel, automatique, et la ligne très contemporaine T-Bridge, se déclinant quant à elle en Tourbillon volant, modèle mécanique 3 jours de réserve de marche, des modèles Miss et Lady et, nouveauté absolue présentée cette année, la Corum Ti-Bridge Automatic Dual Winder. Limitée à 200 exemplaires, cette nouvelle Ti-Bridge est dotée d’un système de remontage linéaire, unique en son genre, composé de deux masses en tungstène. Emblématique du renouveau et du formidable déploiement de la collection Bridges, cette montre de forme tonneau atteint un très haut degré de raffinement dans ses finitions, raffinement qui démontre les nouvelles ambitions de Corum (un seul exemple, la Golden Bridge, avec sa transparence absolue, laissait parfois voir les poils inesthétiques de la peau du porteur. En ajoutant un verre saphir finement métallisé au fond du boîtier, non seulement ce “défaut” est-il évité mais la monte acquiert une profondeur supplémentaire d’un très bel effet).
Une histoire vraie
Deux recrues de poids viennent épauler Antonio Calce dans ses efforts de relégitimation de l’horlogerie selon Corum qui, historiquement, est une maison dont la créativité a toujours été au coeur de son action. Laurent Besse, spécialiste éprouvé de la R & D, ancien fondateur des Artisans Horlogers, a été nommé à la tête du service de R & D de Corum.
Autre recrue de choix, Vincent Calabrese, qui n’est rien d’autre que le créateur historique de la Golden Bridge, dont il avait vendu le brevet en 1977 à René Bannwart. Avec l’arrivée de Vincent Calabrese, promu “ambassadeur” de sa propre idée de génie, Corum revient en quelque sorte aux sources. “Bien mieux que du story-telling à la sauce marketing, c’est là l’opportunité de raconter une vraie histoire, authentique, humaine, ce qui est assez rare dans l’horlogerie”, nous explique Vincent Calabrese.
- De gauche à droite: Vincent Calabrese, Antonio Calce et Laurent Besse
Antonio Calce abonde dans son sens: “renouer avec celui qui a inventé ce mouvement devenu une icône et un pilier de notre marque est une opportunité formidable, et va nous permettre non seulement d’imaginer de nouvelles pistes, mais aussi d’en faire une promotion mondiale, avec un porte-parole historiquement légitime.”
La tournée commence à Bâle, dans le cadre d’un spectaculaire nouveau stand de 3 étages qui joue avec subtilité sur la notion de transparence chère à la Golden Bridge. Pleinement recentrée sur ses fondamentaux, riche d’un capital humain renouvelé, ayant désormais acquis son indépendance au niveau de son outil de production, en voie, pas à pas, vers une verticalisation encore plus poussée, dotée d’un réseau de distribution intégralement réorganisé, Corum est désormais revenu sur le devant de la scène horlogère mondiale.
Source: Europa Star Première Vol. 15, No. 2
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