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Celsius X VI II marie Haute Mécanique, fibres optiques et téléphonie

October 2012


Lors du lancement de Celsius X VI II en 2010, nombreux, parmi les observateurs, étaient ceux qui affichaient un certain scepticisme, ne voyant aucun avenir dans cette hybridation entre téléphonie et haute horlogerie.

De plus, en 2010, l’horlogerie se relevait à peine de la crise traversée durant l’année précédente (faut-il le rappeler: une baisse de près de 25% des exportations horlogères suisses!) et un téléphone, certes doté d’un tourbillon mais vendu à 250’000.-€ paraissait chose incongrue.

Mais la jeune équipe fondatrice de Celsius a tenu bon. Elle a tenu bon parce qu’elle dispose depuis les débuts de son aventure, en 2006, d’un plan de route détaillé d’une remarquable cohérence. Ce qui a sans doute brouillé les cartes, mais du même coup a aussi fermement positionné Celsius dans le cercle du prestige, est le fait que le premier produit présenté, LeDix Origine, se situe au sommet de l’offre de la marque. Une offre que Celsius X VI II est en train de constituer pas à pas, avec une grande rigueur et un objectif ultime: fusionner deux approches que tout oppose: la Haute Mécanique – la High Mec - et le monde des ondes et des courants électriques. Mais contrairement à de nombreuses marques, Celsius a opté pour une stratégie de “descente en prix progressive”. Une descente toute relative, ceci dit, car le deuxième modèle dont la sortie est imminente, l’Optic GMT, est vendu aux alentours des 75’000.-€, et que le futur modèle Hybride, avoisinera les 35’000.-€.

Le second paradoxe de cette stratégie originale est que, malgré leur prix décroissant, plus les modèles se succèdent, plus leur technologie est innovante et pousse toujours plus loin l’interconnexion entre mécanique et téléphonie. Car tel est l’agenda assez fou de Celsius (qui se distingue nettement des autres tentatives de donner au téléphone portable ses lettres de noblesse luxueuse): parvenir à intégrer le plus étroitement possible les deux mondes antagonistes, jusqu’à créer un téléphone signalant les appels par une grande sonnerie mécanique! Un casse-tête programmé. Mais en attendant de parvenir à ce graal de la “haute téléphonie mécanique”, revenons à l’offre présente qui constitue autant de pas dans cette direction.

LeDix Furtif by Celsius
LeDix Furtif by Celsius

LeDix Furtif

Après l’inaugural LeDix Origine, en titane et inserts de bois d’ébène, édité à 18 exemplaires, puis Le Dix Véloce, en titane traité PVD noir avec inserts de fibre de carbone, également édité à 18 exemplaires, voici venu le tour de la dernière série de ces téléphones inauguraux, avec tourbillon, LeDix Furtif, en fibre de carbone et édité à 3 x 8 exemplaires (respectivement avec inserts noirs, platine ou or rose). Fonctionnellement semblable à la pièce fondatrice LeDix Origine en titane, le choix du carbone a cependant posé d’épineux problèmes à ses concepteurs. En effet, et contrairement à une montre traditionnelle, les problèmes d’interférence entre matériaux et électronique sont particulièrement aigus dans la téléphonie, et notamment du côté de l’antenne et de son positionnement. Pour ces raisons d’interférence et de résistance aux chocs (un téléphone ça peut tomber plus facilement qu’une montre) il était impossible d’utiliser une technique déjà éprouvée comme celle du carbone forgé. Il a donc fallu que les concepteurs, avec l’aide de Buch Composites, une société jurassienne spécialisée dans ces domaines, mettent au point une technique particulière. A l’intérieur d’une matrice, les fibres de carbone sont collées par strates de façon à former un bloc compact de fibre de carbone qui est thermoformé dans un four à haute pression. Puis ce bloc est ensuite usiné en trois dimensions dans la masse; une opération complexe, dévoreuse d’outils mais qui, au final, procure à la coque du téléphone ses formes furtives qui rappellent l’aéronautique et de très inédits effets de matière. De plus, 18 mois de recherches auront été nécessaires pour régler les problèmes d’interférence entre ondes, courants électriques, matériaux et pièces mobiles.

OPTIC GMT by Celsius
OPTIC GMT by Celsius

L’Optic GMT

En même temps que sort cette ultime série du LeDix, Celsius lance cet automne le second étage de la fusée, sous la forme d’un nouveau produit très innovant, l’Optic GMT. On y retrouve bien évidemment le désormais fameux “remontage papillon” qui remonte le barillet du mécanisme horloger du téléphone (pour mémoire, à chaque ouverture et fermeture du téléphone, le mouvement horloger est remonté de 2,23 heures). Ce mécanisme horloger est basé sur un mouvement de style Unitas qui a été retourné pour que l’organe réglant soit visible sous la glace saphir (d’une taille inédite) de la coque extérieure du téléphone. Le mouvement a été retravaillé en profondeur, notamment au niveau de la raquetterie et du col de cygne. Mais ce qui distingue surtout l’Optic GMT est son mode d’affichage de l’indication GMT et de celle de la date. Si heure, minute et réserve de marche sont classiquement indiquées par aiguilles, le GMT et la date le sont par fibre optique, d’où le nom de la pièce. Pour la première fois en horlogerie – et en téléphonie – des indications générées mécaniquement sont affichées par le biais de fibres de quartz. Ce choix de la fibre de quartz (que l’on retrouve sur le nez de certains avions de chasse) est dû aux propriétés amagnétiques de ce matériau. Une qualité indispensable quand on se retrouve en compagnie d’une antenne, d’un Bluetooth et de bien d’ondes diverses. La fibre optique affichant l’heure GMT est positionnée verticalement au-dessus d’un disque affichant les heures. L’effet est un peu celui d’une loupe, mais ici le chiffre ne semble pas posé au fond d’un puits mais comme flotter à la surface, avec une légère pixellisation. La date elle, est inscrite sur un cylindre tournant et se lit au bout d’une longue fibre optique qui, après avoir fait un coude débouche au bas de la coque du téléphone. Le chiffre semble apparaître à la surface de la tranche inférieure du téléphone (quand, par exemple, celui-ci est posé sur une table), qui plus est – technologie hybride le permettant – éclairé par un petit led qui le fait ressembler au phare central d’une voiture-concept, soulignant ainsi les qualités de design des produits de Celsius X VI II.

Trois fois vingt-huit exemplaires de l’Optic GMT vont voir le jour: l’Optic GMT Furtif, en fibre de carbone microbillée et fibre de quartz tressé pour la protection de l’antenne, la version Optic GMT Origine en titane gris, fibre de carbone tressé et fibre de quartz, et la version Optic GMT Veloce en titane noir, fibre de carbone tressé et fibre de quartz, finitions de la coque poli et satiné, ponts bleus du mécanisme. Puis verra le jour une deuxième utilisation de la fibre optique dans une Optic Lune espérée pour BaselWorld 2013.

Celsius X VI II marie Haute Mécanique, fibres optiques et téléphonie

En route vers l’Hybride

La troisième phase d’imbrication technologique est déjà en développement et son nom suffit à comprendre l’enjeu des recherches: L’Hybride. Essentiellement, il s’agit de parvenir à remonter un énorme barillet (contenant un ressort de 4 mm se déroulant sur 1 m de longueur) en ouvrant et en refermant le couvercle du téléphone. Ce barillet se décharge ensuite dans une “cinématique” qui comprend 4 générateurs tournant à 8’000 tours minute. Les forces générées dans les dentures sont particulièrement considérables et les quatre ingénieurs de Celsius travaillant à 100% sur ce projet (une dizaine de prototypes ont déjà été testés) ont collaboré étroitement avec Mimotec, notamment au niveau des roulements qui ne peuvent être réalisés de façon traditionnelle avec des rubis. Pour l’instant, une ouverture de couvercle génère une seconde de conversation. On est encore loin du compte, donc, mais pas à pas la chimère du téléphone intégralement mécanique et autonome se rapproche. Sur la date de sortie de ce modèle Hybride, qui, s’il comportera bel et bien un authentique mécanisme “horloger” n’affichera pas d’indications horaires et sera vendu aux alentours de 35’000.-€, les responsables de la marque restent prudents et, soucieux de confidentialité, ne veulent guère en dire plus pour l’instant.

Simplicité et intimité

Contrairement à tous les acteurs de la téléphonie, Celsius X VI II a opté pour un clavier standard, et non pas pour la technologie tactile. L’idée est d’en rester, pour ce téléphone qualifié “d’objet intime, émotionnel”, à la plus grande simplicité. A rebours des Smartphones le choix des fonctions va directement au plus simple et au plus utile: téléphonie, messagerie, carnet d’adresse, sous-menu internet, e-mail et appareil photo. Mais même ces trois dernières fonctions seront supprimées dans les modèles Hybride à venir, qui seront basés sur plateforme Androïd 3G. Une des raisons les plus profondes de ce choix de la simplicité est la pérennité: à l’image d’une montre de Haute Horlogerie, un Celsius se veut pérenne et doit pouvoir être transmis de génération en génération. Or d’ici la prochaine génération, qui peut dire, qu’outre les fonctions téléphoniques de base, nous opérerons toujours selon les mêmes canaux de communication?

Ce passage à la technologie 3G ouvrira du coup à Celsius les portes des marchés du Japon et de la Corée, équipés en 3G. Aujourd’hui, la distribution de Celsius X VI II passe principalement par l’Europe (Harrods à Londres, les Ambassadeurs en Suisse, Chronométrie en France...) et l’Asie (The Hour Glass à Singapour, Prince et Lane Crawford à Hong Kong,...). Sont en phase d’ouverture le Moyen Orient mais aussi l’Afrique du Sud, Israël, l’Australie, la Russie, la Lituanie. Partout Celsius, qui ne donne pas ses produits « en confié », ne travaille qu’avec des détaillants qui achètent directement les produits. Mais, exclusivité oblige, l’idée n’est pas tant de multiplier les points de vente mais bien de ne travailler qu’avec les plus importants et les plus renommés d’entre eux.

Source: Europa Star Première Vol.14, No 5