premiere


En couverture d’Europa Star Numéro Mars - 2/2012:
Réf. 5204, dernier-né des chronographes “maison” de Patek Philippe

March 2012


Depuis 2005, Patek Philippe creuse avec constance un nouveau sillon de la chronographie. Jusqu’à cette date, le seul mouvement de base dont l’ébauche était externe à la manufacture familiale genevoise restait le calibre chronographe 27-70 que Nouvelle Lemania (Swatch Group) produisait en exclusivité pour Patek Philippe, selon de strictes prescriptions, et dont les finitions et l’assemblage s’effectuaient à Genève. Bien que ce chronographe fût considéré comme un des plus beaux et des plus performants mouvements chronographe au monde, la manufacture était décidée de le surpasser en produisant ses propres calibres chronographe. Une décision qui a pris la forme d’une véritable offensive. En effet, en un peu plus de 6 ans, la manufacture genevoise a ainsi développé pas moins de quatre nouveaux calibres chronographes de base.

En couverture d'Europa Star Numéro Mars - 2/2012: Réf. 5204, dernier-né des chronographes “maison” de Patek Philippe

2005, premier chronographe “maison”
En 2005 Patek Philippe a ainsi introduit son premier calibre chronographe intégralement manufacture. Inspiré d’un mouvement historique datant de 1903, ce calibre CHR 27-525 PS est tout simplement le mouvement à remontage manuel, à rattrapante et roues à colonnes, le plus plat jamais réalisé (hauteur de 5,25mm). Avec ses deux roues à colonnes, ses deux seuls poussoirs, la possibilité qu’il offre de garder en mémoire un temps de référence et ses nombreuses autres caractéristiques techniques et esthétiques, ce calibre est venu équiper une pièce de grand prestige, la référence 5959P, sortie en 10 exemplaires dans un boîtier en platine de style Officier.
L’année suivante, en 2006, Patek Philippe a dévoilé un nouveau calibre, le CH 28-520 IRM QA 24H premier mouvement chronographe, automatique cette fois, intégralement conçu, développé et réalisé par la manufacture. Complété par le fameux mécanisme de Quantième Annuel breveté, ce nouveau chronographe automatique à roue à colonnes est doté par ailleurs d’une fonction flyback, d’un affichage de la réserve de marche et d’un indicateur jour/nuit. D’une construction tout à fait inédite, ce calibre automatique vient équiper la référence 5960P, à laquelle il offre un visage à la fois élégant, dynamique et équilibré avec son très caractéristique mono compteur qui regroupe les totalisateurs des heures et des minutes du chronographe.
Ce même mouvement équipe aussi, avec son monocompteur mais sans calendrier annuel, le chronographe Nautilus Réf 5980/1.
En 2009, c’est au tour du premier mouvement chronographe classique à remontage manuel, le Calibre CH 29-535 PS d’être introduit. Pour sa première sortie, ce mouvement à remontage manuel réalisé à 100% dans les ateliers Patek Philippe et destiné à remplacer et à surpasser le Calibre CH 27-70 de base Nouvelle Lemania utilisé jusqu’alors par Patek Philippe, vient animer le fameux Ladies First Chronograph, avant d’être introduit, l’année suivante, dans une version Homme, la référence 5170. Sans entrer dans les détails de ce mouvement de 269 composants de conception superlativement classique, avec roue à colonnes dotée d’un chapeau poli, système d’embrayage à roues dentées avec bascule en forme de S, spiral Breguet, grand balancier Gyromax à quatre bras et quatre masselottes battant à une fréquence de 4 Hz, soit 28 800 alternances/heure, rappelons que pas moins de 6 brevets ont été déposés à cette occasion par la manufacture. Ces brevets non seulement portent sur des améliorations en termes de meilleure transmission de l’énergie, de réduction des frottements, d’augmentation de la précision ou encore de réduction des vibrations ou des flottements des aiguilles, mais touchent aussi directement au travail de l’horloger qu’ils cherchent directement à faciliter. En permettant ainsi de parvenir à un réglage optimal, ces innovations offrent au garde-temps une plus grande fiabilité opérationnelle tout en contribuant à une maîtrise approfondie de l’art du chronographe.
L’année suivante, 2011, marque non seulement le remplacement définitif du calibre 27-70 Q dans toutes ses versions (après 25 ans de très bons et très loyaux services) mais surtout l’avènement de la Patek Philippe Triple Complication Référence 5208P. Quintessence du style Patek Philippe, elle arbore un cadran tout en retenue, presque dépouillé, sous lequel se cache un mouvement à remontage automatique de haute complication, le Calibre R CH 27 PS QI, intégrant une répétition minutes, un chronographe monopoussoir, et un quantième perpétuel instantané à guichets et phases de lune. Soit l’addition et la fusion de trois complications majeures nécessitant pas moins de 701 composants rassemblés dans un espace de 32mm de diamètre pour 10,35mm de hauteur. Par ailleurs, pour la première fois dans la famille des Grandes Complications Patek Philippe, ce calibre bat au rythme d’un échappement et d’un spiral en Silinvar®, un dérivé du silicium.

5204: parfaire la maîtrise chronographique
En cette année 2012, Patek Philippe parfait encore sa maîtrise du chronographe avec la sortie du quantième perpétuel chronographe à rattrapante Référence 5204. Conçu sur la base du calibre CH 29-535 sorti en 2009, ce mouvement qui comporte nombre de nouveaux développements – dont un nouveau mécanisme de rattrapante ainsi qu’un quantième perpétuel nouvellement développé - se place d’emblée au pinacle de la nouvelle génération des chronographes Patek Philippe développée depuis 2005.
Un développement tout à fait concerté et planifié car, dès le départ, la base CH 29-535 a été conçue de façon à pouvoir intégrer les futurs développements tels que la rattrapante et le quantième perpétuel.
Depuis 2005, c’est graduellement et de façon continue que toute une série d’améliorations ont ainsi été apportées pour mener le produit “au top”, comme le disent modestement – trop modestement - le constructeur Marc Lemonnier et le directeur du développement Philip Barat.
En apparence, ces améliorations prises une à une peuvent sembler uniquement ponctuelles et ne porter que sur des détails de la construction ou du fonctionnement mécanique. Mais c’est la patiente addition de ces menus progrès qui, accumulés, amènent à de véritables et décisives percées, et qui font de la nouvelle génération des chronographes Patek Philippe des pièces d’exception.

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Un isolateur novateur
Prenons l’exemple de l’évolution apportée au mouvement chronographe de base CH 29-535 de 2009 pour y adjoindre la complication rattrapante. La principale originalité de cette rattrapante est l’utilisation d’un système d’isolateur tout à fait novateur. Classiquement, lorsqu’on enclenche un chronographe la perte d’amplitude se monte à environ 30° auxquels il faut rajouter à nouveau une perte d’amplitude de 30° lorsque la rattrapante est mise en fonction. Le système d’isolateur mis au point pour ce nouveau calibre permet d’éviter le frottement sur le coeur au moment du déclenchement de la rattrapante, d’où un gain d’amplitude mécanique de 30°. En lieu et place de la “pieuvre” traditionnelle munie de ses bras, qui, montée sur la roue à colonnes de la rattrapante tourne toujours dans le même sens et doit être équipée d’un ressort lui permettant de revenir à zéro, le nouveau système mis au point par Patek Philippe est constitué d’un bras en forme de patte de cygne commandé directement par la roue à colonnes et empêchant ainsi que les deux aiguilles se désolidarisent.
Pour effectuer le retour à zéro, les horlogers ont remplacé le galet par un plat, diminuant ainsi la friction et apportant une meilleure stabilité des deux aiguilles. Le coeur a été fendu pour accueillir ce galet avec plat qui ne touche ainsi plus les épaulements du coeur. Enfin, le ressort ne frotte plus car il est désormais placé au bout d’un bras. C’est le chapeau poli de la roue à colonnes de la rattrapante qui est devenu le ressort excentrique du bras de la rattrapante.
Une architecture mécanique brevetée qui s’ajoute aux six brevets déjà déposés pour le mouvement de base sur lequel ces innovations ont pris place.
Par ailleurs, les deux ponts de chronographe auparavant séparés ont été réunis en un seul pont, offrant ainsi une solide et unique assise au pont de rattrapante. Le pont de marteau a été étendu et la roue de la rattrapante a été rééquilibrée de telle façon qu’in fine le déphasage mécanique entre les deux aiguilles de décompte des secondes du chronographe a été réduit de 75%.

Un QP ultra-mince
Le module de Quantième Perpétuel intégré dans ce calibre est identique à celui de la précédente référence 5270, la première triple complication chronographe bracelet présentée l’année dernière. Avec son étonnante minceur (1.65 mm) ce mécanisme de 182 pièces marie “grandes bascules, étoiles de la date, du jour et du mois, cames de l’année, cames amovibles des années bissextiles, ressorts-sautoirs”, soit en tout 182 pièces usinées au micron et finies à la main – flancs étirés, surfaces adoucies, arêtes anglées et polies – jusqu’aux dents des roues et pignons “polies une à une à la main sur une meule de bois dur.” Dans un souci de beauté esthétique, certes, mais aussi avec l’objectif permanent d’optimiser toute la chaîne de la transmission de l’énergie.

En couverture d'Europa Star Numéro Mars - 2/2012: Réf. 5204, dernier-né des chronographes “maison” de Patek Philippe

Elégance et lisibilité
Avec ses 496 composants, dont 60 pour la seule rattrapante, ce mouvement chronographe tournant à 4 Hz et disposant de 65 heures de réserve de marche prend place dans un superbe boîtier en platine de 40 mm de diamètre pour une épaisseur de 14,25mm (sans tenir compte du bombage très marqué de la glace saphir qui le protège). Cette relative minceur démontre non seulement combien ce mouvement complexe est contenu dans un espace tout à fait limité, mais surtout lui confère une élégance véritablement intemporelle.
Cette intemporalité est encore soulignée par une série de petits détails très marquants, qui vont du bombage de la glace à la forme affirmée des poussoirs rappelant la grande époque historique des chronographes, en passant par la très belle forme concave de la lunette – forme qui, soit dit en passant, est particulièrement difficile à polir – ou encore les fines cornes allongées qui mettent en valeur les harmonieuses proportions de ce garde-temps et lui donnent son allure pérenne.
Ce classicisme formel est relevé de petites touches très contemporaines, à l’image des aiguilles à trois faces des heures et des minutes, taillées de façon acérée dans de l’or oxydé noir et dont le centre est recouvert de Superluminova. Quatre compteurs se répartissent sur le cadran traité dans l’optique de la plus grande lisibilité. Douze affichages voisinent sur un fond opalin argenté.
Encerclés par douze index d’or gris en appliques, jour et mois s’affichent classiquement dans deux guichets placés en ligne à 12h, le quantième à aiguille s’intègre au guichet des phases de lune, à 6h, petite seconde et compteur 30 minutes s’affichent dans des cadrans excentrés avec motif azuré à 9h et 3h. L’année bissextile et l’indication jour/nuit apparaissent dans deux petits guichets ronds à 4h30 et 7h30.
Montée sur bracelet alligator écailles carrées noir mat et boucle déployante en platine, la Réf. 5204 est bien entendu signée du Poinçon Patek Philippe et, comme tous les boîtiers platine de la très sophistiquée maison genevoise, porte discrètement un petit diamant Top Wesselton logé sur la carrure, à 6h. Noblesse oblige.

Source: Europa Star Première Vol.14, No 2