Les premières montres arborant la signature DeWitt sont sorties des limbes fin 2003, soit il y a plus de sept ans. Ou il n’y a que sept ans, pourrait-on mieux dire, tant le chemin parcouru en si peu d’années – qui plus est années économiquement agitées et de plus marquées par une floraison de nouveaux intervenants - est remarquable à plusieurs titres, mais peut-être avant tout par sa cohérence, sa constance et sa continuité. Car dès les premiers modèles, les codes essentiels de la marque sont posés. Et DeWitt n’y dérogera plus! Comment définir ce véritable “style DeWitt” qui fait de ses garde-temps des pièces aussitôt reconnaissables par l’amateur – ou l’amatrice - éclairé auquel il s’adresse en exclusivité? Quand on lui pose la question, Jérôme DeWitt répond qu’il a toujours voulu créer une “niche particulière dans le haut luxe, composée de produits tous de très haute qualité, mais techniquement différents, innovants, et stylistiquement reconnaissables à leur allure néo-classique, à leur parfum aristocratique.”
A cette définition s’ajoute une ambition, énoncée dès le départ, qui est de progressivement maîtriser et “dominer la création” sous tous ses aspects: techniques, à travers la construction et l’innovation mécanique, horlogers, par la rigueur de l’exigence en termes de qualité, ou encore stylistiques, par la poursuite et l’approfondissement d’une vision particulière. Progressivement, pas à pas, DeWitt évolue ainsi vers l’intégration de l’ensemble des opérations de manufacture.
TWENTY-8-EIGHT TOURBILLON, TWENTY-8-EIGHT AUTOMATIC |
Volonté d’être précurseur
Mécaniquement comme esthétiquement, Jérôme de Witt se veut précurseur. Il rappelle ainsi que lorsqu’il a lancé ses premières montres au début des années 2000, “toutes les lunettes de l’horlogerie étaient en forme de cercles adoucis, généralement discrets, alors qu’aujourd’hui prédominent partout les lunettes graphiquement plus expressives”, à l’image de ses propres lunettes qui ont toujours été fortement crantées, montées sur des boîtiers structurés, ornés de colonnes. De même pour les cadrans. Il se fait ainsi fier d’avoir été parmi les premiers à proposer des cadrans étagés, tridimensionnels, en forme de “mille-feuilles” techniquement complexes à réaliser. Et n’avait-il pas ainsi “raison avant tous les autres”, alors qu’aujourd’hui “près de 80% des cadrans sont ainsi structurés”. Cette recherche très particulière et très raffinée sur les cadrans est depuis toujours un des points forts de la marque. On se souvient ainsi des incroyables cadrans chatoyants et iridescents, taillés dans de fines plaques de silicium teinté, tel qu’il les avait présentés en 2007. Ou, plus près de nous, cette année, cette très fine grille sur laquelle est suspendue la cage de son Twenty-8-Eight Tourbillon – une grille que tout le monde disait impossible à réaliser - ou encore les exceptionnels guillochages soleillés de la Twenty-8-Eight Automatic, qui démontrent parfaitement la grande maîtrise atteinte dans ce domaine par la marque qui est une des seules à travailler ce métier d’art de la façon la plus traditionnelle qui soit, à l’aide de machines dont certaines remontent au XVIII ème siècle.
“Commencer à l’envers...”
Techniquement, DeWitt a aussi toujours cherché à innover. Il décrit volontiers sa propre approche en la qualifiant certes “d’audacieuse” mais aussi de toujours “pragmatique”. A titre d’exemple, il cite la façon dont ont été introduites certaines avancées mécaniques dans ses garde-temps, évoquant la force constante, l’utilisation poussée de différentiels, ou encore le mécanisme breveté de remontage automatique séquentiel (A.S.W.) entraîné par une masse oscillante périphérique.
“Nous avons commencé à l’envers, si l’on peut dire, par la mise au point de mouvements compliqués”, explique Jérôme de Witt, “mais tôt ou tard nous aurons notre propre mouvement de base, sur lequel nous travaillons d’ores et déjà. Pour nos propres mouvements les plus complexes, nous avons toujours tenté de travailler très pragmatiquement. Et à partir du choix opéré au départ, de proposer quelque chose de différent, par exemple le rotor périphérique que l’on retrouve cette année dans le Twenty-8-Eight régulateur A.S.W. Horizons. Nous partons du défi technique que nous nous sommes posé puis, à partir de là, nous avançons pas à pas, intégrant progressivement style et technique.”
C’est de cette approche particulière que provient certainement l’impression de totale cohérence que procure cette pièce remarquable présentée à BaselWorld cette année. Ce nouveau tourbillon automatique à affichage régulateur, entièrement développé et produit par la manufacture DeWitt, est basé sur le calibre DW 8014, présenté l’année dernière. Mais il intègre une masse oscillante bi-directionnelle périphérique dont le profil intérieur est sinusoïdal (comme on peut le voir sur la photographie ci-contre). En oscillant cette bague sinusoïdale dotée de deux bras d’armage entraîne le système de remontage automatique séquentiel (A.S.W.). Un système d’embrayage et de débrayage qui déconnecte le remontage à partir du moment où 96% de la réserve de marche sont atteints (le débrayage s’opérant par le biais d’un levier qui désengage le bras de traction du rouage de remontage). Ce système garantit une distribution constante et stable de l’énergie vers l’échappement. Lorsque la réserve d’énergie baisse et atteint 92%, le bras se remet dès lors en contact avec le rouage de remontage, garantissant une plage de fonctionnement idéale. Par ailleurs, ce mouvement tourbillon, doté d’un balancier à inertie variable équipé d’un spiral Straumann avec courbe Phillips, arbore un dispositif de seconde morte (qui fait un saut par seconde) dont le levier est directement entraîné par la cage du tourbillon, par l’intermédiaire d’un petit pignon glissant sur chaque dent de la roue de seconde, dispositif donnant à la pièce sa qualité de “régulateur”.
TWENTY-8-EIGHT REGULATOR A.S.W. HORIZONS |
Inspirations new-yorkaises Art Déco
Stylistiquement, cette pièce emblématique de la nouvelle collection Twenty-8-Eight, est directement inspirée par le mouvement “streamline” de l’époque Art Déco et par la ville de New York à laquelle elle rend hommage. La cage du tourbillon est ainsi surmontée d’une plaque évoquant les colonnes d’un édifice Art Déco dont la base, ornée d’un décor façon soleil, vient s’évaser sur ses côtés. Décor que l’on retrouve, sous une forme légèrement différente, dans les autres pièces de la collection, comme dans le très réussi Twenty-8-Eight Tourbillon, (équipé d’un mouvement intégralement conçu et manufacturé maison, y compris le spiral) dont la cage semi-transparente, surmontée par une série de colonnes à la fois futuristes et Art Déco, est montée sur une fine grille qui laisse deviner les battements du mouvement. Comme souvent chez DeWitt, un motif soleillé rayonne sur le cadran divisé en deux zones colorées: anthracite et crème, gris et bleu mystérieux...
Un semblable motif rayonnant se retrouve dans la Twenty-8-Eight Automatique, particulièrement élégante et raffinée, divisée en deux zones de guillochage, ton sur ton, l’une, centrale, évoquant des flammes et l’autre rayonnant sur le pourtour. Cette pièce, que De Witt qualifie “d’urbaine et classique”, si elle possède tout le caractère marqué et affirmé de la maison, donne une impression de légèreté et de subtilité. Son boîtier est aminci, le motif des colonnes traditionnelles ornant les flancs de la boîte est adouci, les cornes sont émincées. Mais le tout reste emblématiquement “dewittien”.
On pourrait dire la même chose sur le caractère “dewittien”, dans un tout autre registre, éminemment sportif celui-ci, des nouveaux modèles Academia Quantième Perpétuel Sport et Chronostream.
L’inspiration “rétro-futuriste”, le soleillage, le crantage très marqué de la lunette, la netteté des lignes se retrouvent dans ces modèles qui offrent une vision néo-classique assez rare dans le domaine de l’horlogerie sportive. Un néo-classicisme qui, dans le cas particulier de la très rouge Academia Quantième Perpétuel Sport s’accommode des matériaux les plus contemporains, comme le titane de son boîtier, de sa lunette, de sa couronne, et de ses vis, ou du caoutchouc noir inséré entre les colonnes qui figurent sur les flancs du boîtier. Le jeu particulièrement poussé des finitions - satinés verticaux alternant avec satinés circulaires, surfaces polies et anglées du mouvement visible par le fond saphir, alternances de mat et de brillant – jusqu’au cuir alligator noir surpiqué de rouge du bracelet, confèrent à cette pièce une sportivité d’un luxe achevé. (A propos des très étonnantes montres féminines présentées par DeWitt à Baselworld, se reporter à l’article Women’s Watches Galore de Sophie Furley sur www.europastar.com)
ACADEMIA QUANTIÈME PERPÉTUEL SPORT, ACADEMIA CHRONOSTREAM |
Au coeur du service
Luxe “achevé” car, comme Jérôme de Witt aime à le dire “la notion de luxe n’est pas purement mercantile et ne se limite pas au seul objet lui-même. Le luxe c’est aussi tout ce qui entoure le produit, tout ce qui va avec. Le luxe c’est le partage de valeurs communes.”
La notion de service et de partage (de “transparence” serait-on tenté de dire aujourd’hui) est ainsi au coeur de l’action commerciale de DeWitt.Ainsi dès le mois de mai 2011 chaque montre s’accompagne d’une nouvelle carte de garantie électronique, individualisée au numéro de la montre, qui permet à son possesseur d’avoir accès, via un mot-clé fourni, à une zone exclusive qui lui est spécifiquement dédiée. “Nous cherchons ainsi à créer un lien direct avec notre client, à approfondir notre relation avec lui”, explique Jérôme de Witt. “Cette relation passe naturellement par l’excellence du service que nous lui proposons. Pour bien des marques, la notion de service a été dénaturée: le service est devenu un centre de profit. Nous nous engageons au contraire, à travers cette plateforme d’échange et de traçabilité, à reprendre les pièces qui le nécessitent et à fournir un service gratuit à nos clients, que nous considérons comme de véritables partenaires. De plus, cette carte donnant accès à une zone d’échange exclusive et interactive, évolutive également, sera donc dès à présent livrée avec chaque montre, qu’elle suivra au cours de son existence, mais est également rétroactive. Elle sera ainsi fournie à chaque possesseur d’une DeWitt qui en fera la demande.”
Ce service superlatif concerne ainsi toutes les montres DeWitt en circulation, soit environ 10’000 pièces créées au cours des premières années de l’aristocratique saga DeWitt. Une saga qui, à sa façon, ne fait que commencer. Attendons en effet que l’intégration de la manufacture soit encore plus poussée et que nous puissions découvrir, dans les années à venir, les mouvements de base ainsi que les chronographes intégrés dont la maison genevoise veut se doter.
Source: Europa Star Première Vol.13, No 3